LES HIBOUX


J’aime beaucoup les Hiboux
Je trouve qu’ils te ressemblent
Quand tu tournes la tête
Qu‘en penses-tu Alexandre ?

Dans ta forêt lointaine
Je te rejoins parfois
Sans bottes et sans mitaines
Bien qu’souvent il fasse froid

J’aime beaucoup les hiboux
Je trouve qu’ils te ressemblent
Ce qui tend à prouver
Que je t’aime il me semble

 Jaloux de tes bons mots
Tu les gardes parfois
Inscrits sur un mémo
Qui n’appartient qu’à moi

j’aime beaucoup les hiboux
je trouve qu’ils te ressemblent
Ou peut-être que c’est moi
Qui vous vois bien ensemble

Au clair de ta lune
Tu disparais souvent
Sur mes cartes de fortunes
Je trace tes déplacements

J’aime beaucoup les hiboux
Je trouve qu’ils te ressemblent
C’est peut-être bien ça
Qui fait que l’on s’assemble ?

Accroché à ta branche
Comme dans un parc à linge
Tu me parles de ta chance
Et du temps de demain

J’aime beaucoup les hiboux
Je trouve qu’ils te ressemblent
Quand tu tournes la tête
Quand penses-tu Alexandre ?

LES QUATRE FILLES

On était quatre filles au parc Georges Brassens
Détaillant les passants, jalousant les trop minces
On était quatre filles un bel après-midi
Un sandwich à la main et des kinders pingouin


Parmi tous les badauds, on s’était mise d’accord
Y’en avait un surtout qu’avait un de ces corps !
Un grand gars blond cendré qu’avait rien de Tintin
Genre russe qui sait ? Sûrement pas chilien…

Cachées minutieusement derrière nos sandwichs
On lui mettait des notes, on affinait nos speechs
C’est pas tant qu’on voulait avec lui bavarder
Mais de l’imaginer ça nous faisait marrer !!

Et puis voilà t-y pas qu’il nous sort un bouquin
Et si notre Apollon était aussi malin ?
Les autres l’imaginaient médecin ou styliste
Comme ses yeux étaient verts, je votais pour fleuriste

Jamais lu un roman aussi hypnotisant
Y s’la jouait quand je lis je souris tout le temps
Nous, on était discrètes comme une potée au chou
Mangée sur la croisette un dimanche au mois d’août

On faisait moins les fières au parc Georges Brassens
Quand monsieur s’est levé, droit et fier comme un prince
Laquelle de nous quatre ? On croisait toutes les doigts !
Pourquoi j’suis pas venue seule ? S’il a du goût, c’est moi !

On a même pas eu l’temps de prendre la moindre pose
Il est passé d’vant nous pour cueillir une rose
Qu’il a offert ensuite à une cruche aux gros seins
Oubliant en passant son merveilleux bouquin

Un pauvre Hercule Poirot fut brûlé en plein jour
Dans un jardin public et les quatre filles autour
Levaient leur gobelet au nom de l’amitié 
Que rien du tout, ou presque, ne saurait dénouer !

MADAME

La première fois j’ai cru que j’avais mal compris
La vendeuse sans âge avez juste visé large
Elle pensait sans doute que c’était bien poli
Alors j’ai dit :  Pardon ? Elle répéta : Madame.
Ne m’appelez pas madame
Je suis une petite fille
Qui prépare une fête
Pour son premier divorce

Ne m’appelez pas madame
Ma robe de mariée
Et tout ses accessoires
Sont dans mon coffre à jouets

La seconde fois bien sûr j’me suis dit, c’est pas de veine !
Et j’ai gardé pour moi mes répliques suprêmes
Vérifiant d’un coup d’œil dans la glace du comptoir
La tête que je me paie et s’il me faut du fard

Ne m’appelez pas madame
Gardez votre baguette
Moi si j’étais venue
C’était pour les sucettes

Ne m’appelez pas madame
Car moi pour mes trente ans
J’n’attends pas un bébé
Mais bien le prince charmant

Enfin avec le temps et avec l’expérience
Devant ce mot cruel je garde ma contenance
Et ce n’est plus qu’à l’aide d’un ton franc et chantant
Que je réponds naïve « J’ai perdu ma maman ! »

Ne m’appelez pas madame
Je vole aux supérettes
Et tous les 15 du mois
Je connais la disette

Ne m’appelez pas madame
Je porte mal le costume
Je n’fais pas de brushing
Mes amis sont sans tunes

Ne m’appelez pas madame
Je suis une demoiselle
Qui pour un beau sourire
Se voit pousser des ailes
 Ne m’appelez pas madame
Ma robe de mariée
Et tous mes accessoires
Sont dans mon coffre à jouets